Extrait du livre « Eoliennes : La face noire de la transition énergétique » de Fabien Bouglé
Des matières polluantes et non recyclables
Une éolienne est toujours composée de quatre éléments principaux :
- La nacelle qui constitue la véritable salle des machines des aérogénérateurs. Pour les aimants et les rouages qui la constituent, elle nécessite l’utilisation d’importantes quantités de terres rares.
- Les immenses pales de cinquante à cent mètres (et on annonce des pales encore plus grandes pour les éoliennes en mer) de longueur sont réalisées en fibre de carbone.
- Le mât de cent à cent cinquante mètres de hauteur est en acier ou en béton.
- Le socle en béton armé nécessaire pour soutenir le mât de l’éolienne.
Hormis le mât qui peut être facilement recyclé, les trois autres éléments les plus importants ont tous un impact écologique très lourd.
- Les enjeux de terres rares
Les terres rares* constituent une des matières indispensables à la conception des nacelles éoliennes, dont les aimants servant à la fabrication des rotors.
Fabriqués avec un alliage de néodyme, de fer et de bore, ils sont beaucoup plus puissants que ceux en ferrite et permettent de réduire fortement la taille des aimants nécessaires.
Les terres rares sont devenues indispensables dans nos sociétés et sont au cœur de défis géopolitiques et commerciaux majeurs. La Chine à le quasi-monopole de l’extraction (quelques petites mines en Afrique et en Amérique). Les mines sont principalement à ciel ouvert (Mongolie intérieure).
Pour tirer les précieux métaux rares le procédé consiste d’abord à réaliser un trou béant, après avoir détruit l’ensemble de la végétation, puis les entreprises doivent charrier des quantités astronomiques de terres et de roches : 1200 tonnes de matière pour 1 kilogramme de lutécium, 8,5 tonnes pour 1 kg de vanadium, 16 tonnes etc… L’exploitation se fait en 3 phases : extraction, broyage et séparation du minerai recherché en utilisant une quantité importante d’énergie, d’eau et de produits chimiques tels que l’Acide sulfurique.
L’impact écologique est énorme :
- Destruction de tissu végétal et des terres agricoles
- Pollution de l’eau par de grandes quantités de sulfate d’ammonium et d’acide oxalique.
- Production de déchets radioactifs par extraction d’éléments lourds à partir de bastnaésite et de monazite.
- Rejets des métaux lourds (plomb, mercure, cadium).
*elles désignent dix-sept métaux : le scandium, l’yttrium, et les quinze lanthanides (lanthane, cérium, praséodyme, néodyme, prométhium, samarium, europium, gadolinium, terbium, dysprosium, holmium, erbium, thulium, ytterbium et lutécium).
L’ONG Environnementale Earthwork précise après ces conclusions :
L’extraction des minéraux coûte déjà très cher à la population et à l’environnement, alimentant les violations des droits de l’homme, la pollution massive de l’eau et la destruction de la faune et de la forêt. L’augmentation de la demande en minéraux, signifie que les coût humains et environnementaux liés à l’extraction de minéraux vont également fortement augmenter. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, l’extraction de métaux contribue pour 10% aux émission de gaz à effet de serre dans le monde. (earthwork.org/campaigns/making-clean-energy-clean)
- L’impossible recyclage des pales
Les pales doivent combiner solidité et légèreté. Elles sont réalisées en matériaux composites, mélange de fibres de verre, de carbone, de résine polyester ou de résines époxy. Le problème de ces matériaux composites tient au fait qu’ils sont très difficilement recyclables… L’Allemagne ayant supprimé les subventions à destination des promoteurs éoliens, se retrouve avec un énorme stock d’éoliennes à recycler, déchets évalués à 16 mille tonnes par an*. Veolia évalue à cinquante mille tonnes le poids de pales d’éoliennes à recycler d’ici fin 2019.
On évoque ainsi sous le manteau l’enterrement des matières de pale dans des décharges en Afrique !!!! En France la question du recyclage des pales a été évoquée en avril 2018 par Arnaud Leroy, président de l’ADEME lors du colloque du Syndicat des énergies renouvelables SER, conscient des énormes difficultés à venir, il a appelé au sujet des aérogénérateurs, à un « développement irréprochable des énergies renouvelables ».
- Des socles de béton armé enterrés pour longtemps
Le socle en béton armé coulé dans les sols constitue lui aussi une atteinte grave à l’environnement des lieux d’implantation.
Pour une éolienne moyenne de 2 MW, le diamètre du socle sera de 15 à 20 mètres et d’une hauteur de 3 à 4 mètres, soit six cent mètres cubes de béton et 50 tonnes d’ossature en fer.
Exemple de demande d’autorisation d’exploiter une éolienne au titre des ICPE, dans la Meuse :
Béton = 50 camions toupie béton par fondation : ferraillage et coffrage = 2 poids lourds par éolienne : 1 convoi exceptionnel (grue). 100 camions-benne par éolienne pour la plateforme : et pour les chemins d’accès, 15 camions-benne par 100 m de piste à créer ou à améliorer.
L’article 1er de l’arrêté du 26 août 2111 prévoit en France que les socles en béton doivent être « rabotés » sur une profondeur minimale d’un mètre par rapport au niveau du sol. Certains promoteurs ont trouvé la parade et réalisent leur socle en les enfonçant d’un mètre par rapport au niv eau du sol. Ils n’ont plus en cas de désinstallation à supprimer le socle à hauteur d’un mètre…
*Alex Reichmuth, « Abbruchstimmung in Deutschland” – Basler Zetiung, 5 avril 2018.