La Fondation Saint-Louis, propriétaire du Château royal d’Amboise (ici représentée par son président Frédéric du Laurens aux côtés du préfet Patrice Latron en janvier dernier), fait partie des requérants.
© Photo NR, Julien Pruvost
Nouvelle République le 7 Mai 2024 : JulienProult
Plusieurs associations, communes et monuments intentent un recours administratif contre l’arrêté préfectoral autorisant le projet Oratorio.
Nouvelle étape dans le feuilleton Oratorio. Dix-huit ans après la première ébauche de projet, autant d’années d’un « long combat » mené par les « anti », une « tierce expertise » de terrain et, enfin, l’avis favorable des services de l’État, place à l’action en justice. Comme annoncé avant même le feu vert préfectoral, les opposants à l’implantation de quatre éoliennes à Auzouer-en-Touraine ont décidé d’intenter un recours administratif dans l’objectif de faire annuler l’autorisation délivrée par le préfet Patrice Latron au mois de février.
Un cabinet d’avocats parisien mandaté
« Nous voulons que l’arrêté préfectoral soit annulé et que les promoteurs jettent l’éponge », résume à la NR Jacques Gaudet, président de l’Association de défense de la Gâtine tourangelle (ADEGT), une des associations signataires du communiqué commun annonçant ce recours.
Au total, 14 requérants ont joint leurs forces pour tenter de faire enterrer Oratorio : six associations (dont Sites et Monuments et la Demeure historique), quatre communes (dont Dame-Marie-les-Bois), deux fédérations et deux monuments (le Château royal d’Amboise via la Fondation Saint-Louis et la Pagode de Chanteloup).
C’est la cour d’appel administrative de Versailles, compétente dans les questions liées à l’éolien, qui sera saisie. Les requérants ont mandaté Maître Francis Monamy, avocat au barreau de Paris, pour les représenter.
Ils dénoncent principalement « l’atteinte au paysage du Val de Loire, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco » que représenterait l’installation d’éoliennes à Auzouer-en-Touraine. Si quatre tours sont pour le moment prévues, les opposants à Oratorio alertent sur « la quarantaine » de générateurs qui pourraient, selon eux, pousser à terme sur les bords de Loire.
« Zizanie entre ceux qui profitent et ceux qui subissent »
Autres arguments mis en avant par l’ADEGT, en première ligne de l’opposition à Oratorio : « la destruction de la biodiversité », les « pertes sur la valeur immobilière des biens des riverains », ou encore « la perte du lien social dans les communes » du fait de « la zizanie entre ceux qui profitent et ceux qui subissent ».
L’annonce de ce recours n’est pas une surprise, les anti-Oratorio ayant clairement fait connaître leurs intentions dès la fin 2023. Face à ce mécontentement, le préfet d’Indre-et-Loire Patrice Latron avait organisé une « tierce expertise » sur les terrasses des châteaux d’Amboise et de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher) pour déterminer l’impact visuel des futures éoliennes.
Le feu vert a finalement été donné le 19 février dernier. Après cette autorisation, le porteur du projet Oratorio, la société Innergex, estimait que les quatre éoliennes seraient opérationnelles à l’été 2026 au plus tôt. Un délai qui ne prend pas en compte le calendrier judiciaire ouvert par ce recours administratif.