Une des cigognes noires observées dans la forêt de Sainte-Julitte, à proximité du projet de parc éolien du Gros Chillou. © (Photo Éric Sansault – ANEPE Caudalis)
NR: 28/02/2023 La cigogne noire accrochera-t-elle un nouveau projet éolien à son tableau de chasse ? Après celui de
La Chapelle-Blanche-Saint-Martin et Vou (cinq mâts), retoqué après un long feuilleton qui l’a mené jusqu’au Conseil d’État, ce sont les sept éoliennes du parc du Gros Chillou, à Charnizay, qui sont menacées. La présence d’un nid de cigogne noire, une espèce protégée menacée de disparition, a été attestée par le Groupe régional cigogne noire Centre (GRCN) en forêt de Sainte-Julitte, à moins de trois kilomètres de la zone d’implantation du parc. « Nous voulions préciser les trajectoires de vol dans cette zone », explique Renaud Baeta, chargé de mission biodiversité pour l’association environnementale Caudalis. Une information confirmée par les services de la préfecture d’Indre-et-Loire. « La présence de ce nid a, par ailleurs, été confirmée par les agents de l’Office français de la biodiversité d’Indre-et-Loire », précisent-ils.
« Ce sont des éléments indiscutables » Les observateurs du GRCN et de Caudalis ont remarqué que les trajectoires de vol de l’oiseau traversaient la zone du parc du Gros Chillou et que le risque de collision avec les éoliennes est réel. « Le nid n’est pas au milieu du parc, mais la cigogne noire se déplace dans la zone de manière continue pour aller se nourrir », précise Renaud Baeta. En l’occurrence, c’est vers l’Aigronne, un ruisseau qui coule notamment entre Charnizay et Le Petit-Pressigny, que le migrateur se rend pour s’alimenter. Les observations effectuées par le GRCN et Caudalis ont été transmises au commissaire enquêteur, dans le cadre de l’enquête publique qui se déroulait en juin-juillet 2022. Tout comme la présence du circaète Jean-le-Blanc (un oiseau aussi protégé), dont un nid a été trouvé dans la même forêt. « Ce sont des éléments indiscutables », appuie Jean-Frédéric Baeta, président du GRCN Centre. L’enquête publique avait d’ailleurs émis un avis défavorable, en août 2022, notamment en raison de la présence avérée d’espèces protégées.
Réunie il y a quelques semaines, la Commission départementale de la nature, des paysages et des sites (CDNPS) aurait aussi émis un avis défavorable à l’unanimité. Ne manque plus que la décision de la préfecture. Renaud Baeta se montre confiant. « Il y a une jurisprudence qui est en train de s’installer. On est sur un cas d’école encore plus évident que La Chapelle-Blanche-Saint-Martin. » Charnizay Nord aussi menacé ? Au même titre que le Gros Chillou, le projet voisin (Charnizay Nord) serait lui aussi menacé. Les mêmes observations ont été rapportées à l’occasion de l’enquête publique (septembre-octobre 2022). Mais cette fois, un avis favorable avait été rendu par le commissaire enquêteur en novembre 2022. « Je ne vois pas comment la préfecture pourrait argumenter de retoquer un projet et pas l’autre », confie Renaud Baeta. La CDNPS ne s’est pas encore réunie pour se prononcer sur ce dernier projet, ce qui devrait être fait dans les prochaines semaines. Si l’on se réfère à un arrêté préfectoral publié le 20 octobre 2022, une décision devrait être prise dans les prochains jours pour le Gros Chillou. « Le délai de trois mois prévu à l’article R. 181-41 du code de l’environnement, en vue de la prise de décision sur la demande présentée par la Société d’exploitation éolienne de Gros Chillou en vue de l’exploitation d’un parc éolien de sept aérogénérateurs et de trois postes de livraison sur le territoire de la commune de Charnizay, est prorogé pour une période de quatre mois à compter du 3 novembre 2022 », peut-on lire dans cet arrêté. Ce qui nous renverrait au 3 mars 2023. Vendredi prochain.